Bonjour toi!
J'espère que tout se
passe bien pour toi, que la vie est belle, que tu fais des choses intéressantes,
que tout te sourit.
Aujourd'hui je vais te parler
d'un film qui m'a profondément marqué. Parce que l'histoire était poignante,
parce que les acteurs étaient impressionnants, et peut-être (surtout) aussi
parce que j'adore cette période de l'Histoire (l'Histoire avec un H majuscule,
celle qui impressionne et fait un peu peur, mais qu'on préfère qualifier
"d'ennuyante"). Mais je vais en reparler plus bas. Ce film s'appelle:
Le Labyrinthe du Silence
(Der Labyrinth des Schweigens)
Synopsis et détails
Allemagne
1958 : un jeune procureur découvre des pièces essentielles permettant
l’ouverture d’un procès contre d’anciens SS ayant servi à Auschwitz. Mais il
doit faire face à de nombreuses hostilités dans cette Allemagne d’après-guerre.
Déterminé, il fera tout pour que les allemands ne fuient pas leur passé.
Date de sortie: 29 avril 2015
(2h3min)
Réalisé par: Giulio Ricciarelli
Avec: Alexander Fehling, André Szymanski,
Friederike Becht
Genre: Historique, Drame
Nationalité: Allemand
Presse: 4,0/5
Spectateurs: 4,3/5
Source: AlloCiné
Comme tu as pu déjà le
comprendre, c'est un film allemand. Et il traite donc de l'après-2ème
Guerre Mondiale, en Allemagne. Il est également basé sur une histoire vraie.
Les acteurs sont géniaux. Pourtant, au
début, je ne me disais pas ça du tout. Je pensais même qu'ils étaient vachement
nuls. Mais j'ai vite compris qu'ils ne montrent pas trop d'émotions sur leur
visage, parce que c'est une caractéristique des allemands: ils sont très réservés,
très directs. Et ce n'est pas un jugement, on me le dit également en cours, et
je le constate dans la vie de tous les jours: ils ne s'embarrassent pas avec des
tournures de phrases, des circonvolutions. Ils ont quelque chose à dire, ils le
disent, point. Et pourtant, on voit leur
carapace se craqueler au fur et à mesure du film. Ils craquent sous la
pression, sous la honte, sous la tension, sous l'indignation.
Le Labyrinthe du Silence parle
d'un passage quasi inconnu de l'après 2ème Guerre Mondiale: le premier
jugement des SS allemands en Allemagne. Et surtout, des œillères des allemands
face aux horreurs qui se sont déroulées sous le commandement d'Hitler. La
plupart des allemands ne voulaient pas savoir, préféraient oublier, ne pas en
parler. Du coup, 15 ans après la 2eme Guerre Mondiale, l'Allemagne n'avait pas
entendu parler d'Auschwitz.
Je trouve ça incroyable, voire
carrément aberrant. Le plus grand massacre de l'histoire, et les allemands n'en
avaient même pas conscience. Ils pensaient qu’Auschwitz était juste un camp de travail de plus. Alors que c'était un abattoir.
Remettons les choses dans leur contexte:
on n'a jamais rien su de l'horreur qui se passait à Auschwitz avant la fin de
la guerre. Ce sont les Alliés qui ont libérés et sauvés ceux qui pouvaient
encore l'être (ceux qui n'avaient pas succombé à la Marche de la Mort
également, la fameuse randonnée que les SS ont fait faire aux prisonniers pour
les éliminer avant que les Alliés arrivent). Et les autorités allemandes ont
préféré ne pas trop en parler. Ça n'a donc pas fait la une des journaux (sans blague… ce n'est pas vraiment
le souvenir le plus joyeux de l'Allemagne, ce que je comprends tout à fait…)
Alors, pour les civils, c'est
encore compréhensible, quoi qu'un peu dingue. Le plus grand massacre de
l'histoire, caché à presque tous les allemands, même 15 ans après. Tout le monde essayait
d'oublier, de passer outre, sans penser au Devoir De Mémoire. Sans penser aux
générations futures. C'est important pourtant, de savoir ce qu'il s'est passé. De voir à
quel point Hitler s'est insinué dans la tête des gens. Tu savais que plus de
80% des allemands étaient affiliés au parti nazi? Même sans être SS? Et les
jeunes sont persuadés que leurs parents étaient des gens bien, qu'ils n'étaient
pas au parti nazi, eux. Mais ce n'est pas vrai. Tout le monde suivait le Führer ( de gré ou de force).
Les allemands qui se souvenaient et/ou étaient au courant des agissements d'Hitler n'ont rien dit. Soit parce qu'ils étaient toujours d'accord avec lui (et il y en avait, beaucoup plus que tu ne le crois. On ne s’arrête pas de croire en ses opinions en quelques mois.), soit parce qu'ils avaient honte. C'est un facteur important, la honte. Mais toujours pas une raison suffisante pour mentir aux générations futures et leur faire croire que la 2ème Guerre Mondiale n'était pas grave.
Les allemands qui se souvenaient et/ou étaient au courant des agissements d'Hitler n'ont rien dit. Soit parce qu'ils étaient toujours d'accord avec lui (et il y en avait, beaucoup plus que tu ne le crois. On ne s’arrête pas de croire en ses opinions en quelques mois.), soit parce qu'ils avaient honte. C'est un facteur important, la honte. Mais toujours pas une raison suffisante pour mentir aux générations futures et leur faire croire que la 2ème Guerre Mondiale n'était pas grave.
Mais ce n'est pas ça le plus étonnant: au fur et à mesure de l'histoire, on interroge des SS qui avaient travaillé à Auschwitz. Et… Je ne sais pas comment expliquer ça… Ils… S'en foutaient?
C'est ça qui m'a le plus choqué
dans toute cette histoire. Dans le film, ils le disent clairement: aucun SS
interrogé n'a éprouvé de remords. Ils évoquent tous les ordres des supérieurs
pour se justifier.
"On n'avait pas le choix, ce n'était pas moi, c'était
les ordres."
Je suppose que les SS qui ont été
affectés à Auschwitz étaient quand même "dignes de confiance" du
gouvernement allemand de l'époque, et donc qu'ils avaient soit une confiance
aveugle dans le gouvernement, soit avaient très peu d'humanité. Je crois savoir
que ceux qui travaillaient là-bas étaient triés sur le volet, pour éviter que
des infos fuitent et qu'un vent de panique débarque en Allemagne. Mais
dans ce film, ils disent que des étudiants de 17 ans allaient faire un stage là-bas… Bref, cette partie est toujours un mystère pour moi. On ne peut pas comprendre les raisons qui ont pu pousser des honnêtes gens à commettre des crimes aussi atroces - et rentrer chez eux par la suite, voir femme et enfants, comme si de rien n'était. Comme si ça n'était qu'un boulot comme un autre.
Ça me rappelle l'expérience de
Milgram. Celle qui mesure la capacité des gens à obéir, quitte à tuer
quelqu'un. Deux expériences sur le sujet ont été faites: l'expérience de Milgram en 1960, et le Jeu de La Mort en 2009. Évidemment, ces expériences ont été menées sur des gens pas très
malins, objectivement, au niveau du QI. Mais dans le Jeu de La Mort, personne
ne bronchait dans le public, alors qu'ils n'étaient pas au courant. Alors que ça aurait pu être réel.
Je divague un peu, mais ce sujet
me tiens vraiment à cœur. J'aimerais te faire comprendre à quel point c'est
grave, ce qui s'est passé pendant la guerre, mais aussi après. J'aimerais te faire comprendre à quel point c'est important. Cette période me
fascine, tout comme elle me répugne aussi. Parce que c'est la plus grande honte
de l'Histoire.
Alors quand je te parlais de l'Histoire avec un grand H, que certains trouvent ennuyante: je ne suis pas d'accord. L'Histoire est fascinante, répugnante, mais elle peut être belle parfois, comme quand un jeune avocat réussi à juger des criminels qu'on croyait évanouis dans la nature. Je suis sortie de la salle complètement bouleversée, mais aussi pleine d'espoir.
Après relecture, je me rends compte que tu pourrais croire que je déteste les allemands. Mais loin de là! Je les admire même: savoir se relever et devenir une des plus grandes puissances mondiales actuelles, moins de 50 ans après leur plus grande catastrophe économique... Je tire mon chapeau! Non, ce que je déteste, c'est le nazisme, la violence gratuite, les meurtres impunis, la ségrégation forcée, le fait de traiter les juifs (ou n'importe qui d'autre) comme des animaux, et surtout les gens qui ne montrent pas de remords. Et je parle surtout des allemands parce que Le Labyrinthe du Silence parle des allemands, mais j'aurais très bien pu parler des nazis belges ou français, si on en parlait dans ce film. Sur ce sujet aussi, il y a beaucoup à dire.
Mais comme le dit Giulio Ricciarelli, le producteur du film:
Mais comme le dit Giulio Ricciarelli, le producteur du film:
"Je sais que mon grand père n'était pas membre du parti nazi. Mais j'ai grandi dans un pays entaché par une honte qui ne s'en ira jamais, qui fait partie intégrante de son identité. Même si le fardeau est lourd à porter il faut savoir regarder le passé en face".
Voilà, je suis désolée de cet article mille fois trop long, je me suis sûrement laissée emporter. Mais si, avec Alyssa, on a décidé de créer ce blog, c'est pour parler des sujets qui nous tiennent à cœur, des choses qui nous importent, des histoires qui comptent.
Si tu veux me donner ton avis, n'hésite pas à venir m'en parler dans les commentaires, ou sur Twitter.
Je serais ravie de parler de ce sujet (ou de n'importe quoi d'autre) avec toi. Ce n'est qu'en échangeant qu'on apprend, et je sais que j'ai encore beaucoup de choses à apprendre (sur ça et sur le reste).
Des bisous,
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